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Sites Témoins
Présentation du site
L’étude « Sites Témoins » s’est déroulée sur 6
territoires, répartis entre l’estuaire et Saumur :
- la prairie de Rohars ;
- la confluence Loire-Divatte ;
- le secteur Drain Ancenis ;
- la prairie Bruneau ;
- la
Grand Prée de Rochefort ;
- l'île de Trotouin – Souzay.
Ces 6 territoires sont localisés en zone Natura 2000 que ce
soit dans le site « Estuaire de la Loire », « La
Vallée
de la Loire de Nantes aux Ponts-de-Cé et ses annexes » ou
encore « Les Ponts-de-Cé à Montsoreau ».
Sur chacun des territoires, plusieurs ensembles comprenant
des prairies, des milieux aquatiques et des haies ont été sélectionnés comme sites
d’étude. Cependant, les différences entre ces 6 secteurs existent et montrent
l’hétérogénéité des milieux que l’on peut retrouver sur la vallée de la
Loire.
Objectifs de l'action
En 2007, dans le cadre de sa mission chef de file
Biodiversité Loire, le CORELA a constitué un groupe de travail réunissant des
acteurs (institutionnels, universitaires, associatifs) directement impliqués
dans des actions d’acquisition de connaissances ou de gestion de la vallée de la
Loire.
Ils ont dressé le constat suivant :
- une dispersion de la connaissance sur les espèces, peu ou
pas d’informations pour certains groupes, des modalités parfois différentes de
recueil de données qui ne permettent pas toujours une analyse comparée ;
- un manque de connaissances sur les effets des mesures en
cours ;
- une absence de données sur les fonctionnalités biologiques
de la mosaïque de milieux de la vallée.
Le groupe de
partenaires a souhaité d’une part rechercher une méthodologie
d’évaluation et de suivi de la biodiversité en termes de
fonctionnalités à partir de protocoles communs et d’autre part créer
une forte
dynamique de mutualisation et de partage de connaissances. Cela se
traduit par
la mise en place de « Sites témoins », sites sur lesquels des
inventaires portant sur différents groupes, sur plusieurs années et sur
les
mêmes lieux ont été réalisés.
Le
projet portant sur plusieurs compartiments biologiques nécessite une approche
pluridisciplinaire permettant une mutualisation des compétences. Pour cela, le
projet a fait intervenir aussi bien des universitaires, que des acteurs locaux
participants à la protection et la connaissance de la Vallée. La démarche se
veut globalisante mais concrète et pragmatique.
Opérations mises en oeuvre
En 2007 et 2008 un groupe d’universitaires et un groupe de
travail, plus large, qui associe experts et associations, furent constitués. Le choix des sites d’étude s’est effectué en plusieurs
temps. Tout d’abord, une synthèse bibliographique, des analyses cartographiques
et la mobilisation des connaissances de terrain, ont permis d’identifier des
périmètres larges. Six territoires ont ainsi été sélectionnés. Puis, à l’aide
de tests statistiques portant sur l’occupation du sol, les habitats d’intérêts
communautaires et les linéaires de bocage, des parcelles représentatives de
chacun des 6 territoires ont été sélectionnées. Ces parcelles, comprenant
des prairies, des haies et des milieux aquatiques, ont fait l’objet
d’inventaires. Ces premières étapes ont permis d'initier une dynamique de
collaboration entre les différents acteurs du projet.
De 2009 à 2011 des inventaires ont été réalisés et
ont concerné la flore, l’avifaune, les amphibiens, les odonates, les
orthoptères, la malacologie, les araignées et les carabiques. Il ressort de l’étude que les Sites Témoins sont bien représentatifs
des systèmes prairiaux hygrophiles et méso-hygrophiles présents sur la vallée
de la Loire.
L'analyse de l’avifaune a entre autre apporté des éléments
d'information sur la variation
géographique du peuplement d'oiseaux le long du corridor fluvial. Les
oiseaux prairiaux et associés au bâti montrent des variations amont-aval
irrégulières qui peuvent s'expliquer par la disponibilité du type d'habitat. A
l'inverse les oiseaux du bocage et les généralistes tendent à diminuer
progressivement vers l'aval au contraire des oiseaux des habitats humides dont
la proportion dans le peuplement augmente.
Les résultats concernant les arthropodes épigés ont mis en
avant l'impact de la gestion des prairies en terme de pression de pâturage sur
la diversité des communautés d'araignées. De plus araignées et orthoptères
démontrent le rôle fonctionnel des milieux périphériques pouvant servir de
refuge (en l'occurrence le bocage et les zones humides) lors des perturbations
du milieu liées par exemple à la gestion. Ainsi des recommandations type
"maintien de zones enherbées" semblent pouvoir être étendues à tous
types de milieu non géré. Cela suggère aussi
'importance d'éviter une fauche synchronisée des prairies sur de grands
ensembles.
Les
odonates, seul groupe à exploiter tous les milieux étudiés (prairies, bocages
et milieux aquatiques), se révèlent être de bons indicateurs du degré de
connexion mais aussi de la qualité des milieux aquatique, de l'état des
prairies et du bocage qu'ils exploitent à l'état d'imago.
Le suivi des « Sites Témoins » caractéristiques de
la mosaïque d’habitat de la vallée de la Loire a permis d’enrichir la connaissance
sur les fonctionnalités biologiques, les différents milieux ainsi que la faune
et la flore qu’ils abritent et les interrelations qui les lient. On constate que l'intérêt
"patrimonial" des milieux (rareté des espèces rencontrées) n'est pas
systématiquement corrélé à une plus grande biodiversité des milieux, lorsque
l'on ne se limite pas à l'étude des groupes les plus couramment étudiés. En
outre, on constate que les milieux gérés peuvent présenter des diversités
comparables aux milieux naturels et cela qu'il s'agisse de prairies de fauche
ou de pâture. Ces lieux
pourront devenir des lieux de suivis à long terme et permettront une analyse
rigoureuse des évolutions de la biodiversité et d'ajuster les programmes
d'interventions. L'originalité du projet réside dans la réalisation d’analyses
multicritères sur plusieurs compartiments biologiques, réunissant sur un même
lieu, au même moment, les mêmes experts. Cette démarche a donc permis
d’acquérir des connaissances nécessaires à toute décision de préservation en
adaptant les mesures non plus à une seule espèce mais aux fonctionnalités des
diverses mosaïques, à ses forces ainsi qu’à ses fragilités. Des approches
intégrées de ce type sont particulièrement rares et l'on ne dispose donc que de
peu d'expérience dans ce domaine. C'est ce qui fait la richesse mais aussi la
difficulté de la mise en place de ce projet. En
2012 et 2013 des documents de synthèse et de vulgarisation de l'action
ont été réalisés. Par ailleurs, des articles ont été publiés dans les
lettres d'information de partenaires (FMA, Plan Loire....).
Une
restitution de l'action, lors d'un colloque organisé par la FRAPNA
Loire (Ecopôle du Forez) en novembre 2013, a permis de présenter et de
valoriser les résultats de l'étude en dehors de la région.
Pour en savoir plus ...
Les rapports concernant ce sujet seront consultables au CORELA Retour
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