Peupliers
en Vallée de Loire Peuplier noir Source
: Marc Villar Une essence emblématique de la
vallée de la Loire Le Peuplier noir constitue avec
le Peuplier tremble les deux seules espèces sauvages de
Peuplier dans la vallée de la Loire. Cette espèce
patrimoniale possède un rôle écologique majeur et constitue un élément
important dans l'attractivité et la qualité des paysages ligériens. En
effet, Il est encore fréquent d'observer sur les bords de la Loire les
silhouettes imposantes de Peupliers noirs dont certains individus plus
que centenaires, au tronc massif et tortueux, offrent au fleuve ses
paysages si caractéristiques. Le Peuplier noir
joue un rôle très important dans la ripisylve.
C'est en effet, l'essence dominante et les interactions qu'elle possède
avec le milieu sont à l'origine de toute la diversité et l'originalité
que l'on rencontre dans les différents cortèges floristiques qui se
développent en milieux alluviaux. Espèce longévive (jusqu'à 250 à 300
ans), le Peuplier noir est un support de biodiversité remarquable,
notamment au stade ‘gros bois', où il constitue une source
d'alimentation et sert de gîte à de nombreuses
espèces (oiseaux, chauves souris, insectes, champignons, …).
Le Peuplier noir est également un véritable
indicateur biologique du dynamisme du fleuve. En
pionnier, il colonise les grèves et bancs de sable humides abandonnés
par l'eau durant l'été, en compagnie d'autres essences de bois tendre,
comme les saules. Les premières crues (ou les castors) auront
généralement raison de ces jeunes pousses, mais certaines subsisteront
et entameront alors la lente colonisation du sable par la végétation.
Pourtant, entre Montsoreau et Nantes, les populations de Peupliers
noirs se font de plus en plus rares. L'entretien du lit de la Loire
élimine régulièrement les jeunes populations. Quant aux populations
adultes, elles sont victimes de la déconnection de leur système
racinaire du fait de l'abaissement de la nappe alluviale.
Une
espèce menacée Trois facteurs
principaux menacent les ressources génétiques du Peuplier noir européen
:
- Les activités humaines (agriculture et urbanisation)
- La surexploitation de la ressource
- La
pollution génétique
Compte tenu de ces menaces, des
mesures ont dû être prises pour gérer et conserver le patrimoine
précieux de Peupliers en Europe. Programmes
de conservation Parce
qu'il a de nombreux atouts écologiques et économiques, et à cause des
menaces exercées par l'action anthropique sur les habitats de cette
espèce, le Peuplier noir a été identifié comme espèce prioritaire au
niveau national par la Commission nationale de Conservation des
Ressources Génétiques Forestières en 1991. Ce programme est dirigé par
l'INRA (responsable : Marc VILLAR depuis juin 2002) et il vise à
conserver sur un long terme les gènes fondateurs de la variabilité et
des adaptations locales du Peuplier noir. Ce projet s'inscrit également
dans le programme pan européen EUFORGEN de conservation de cette
espèce, programme constitué à la suite de la première conférence
ministérielle pour la protection des forêts en Europe (Strasbourg,
1990). A
l'échelle de la Loire, ce projet a été décliné en deux programmes de
recherche, pilotés par l'INRA d'Orléans : - ECOGER,
consacré à l'étude des flux de gènes entre Peupliers sauvages et
Peupliers cultivés
- POPLOIRE, consacré à l'étude
des populations de Peupliers noirs dans l'objectif d'en conserver les
ressources génétiques.
Actions du
Conservatoire
Le
Conservatoire a été sollicité par l'INRA d'Orléans pour participer à l'étude
POPLOIRE. Ce projet comprend deux grandes
phases : - L'inventaire
des populations naturelles de Peuplier noir de la source
à l'embouchure de la Loire et sur la partie aval de l'Allier (par
cartographie SIG basée sur des photographies aériennes) et des
observations complémentaires sur le terrain, en partenariat avec les
organismes de protection de milieux naturels locaux.
- La
description de la diversité génétique de
populations naturelles de 13 sites naturels répartis le long de la
Loire et de l'Allier.
Durant
l'hiver 2005-2006, le Conservatoire a participé à la phase de recherche
des sites d'étude sur son territoire en collaboration avec l'INRA
d'Orléans, Mission Bocage et le PNR Loire-Anjou-Touraine. Deux
sites d'études ont été choisis en Pays de la
Loire : - Les
bords de Loire à Montjean sur Loire
- L'île Clémentine à Sainte Luce sur Loire.
Ce dernier site est intéressant car il est le plus en aval des 13 sites
d'étude. Il y a une population de Peupliers noirs et de surcroît,
proche de sources de pollution génétique. Les arbres y ont été
identifiés et cartographiés.
Les
critères de choix étaient le nombre d'individus assez important
(> à 30) et la proximité avec des plantations de Peupliers
hybrides et des Peupliers d'Italie (Populus italica).
Le
CORELA a été désigné pour faire le suivi de la floraison des 34
individus sélectionnés sur l'île Clémentine. Ce travail a permis de
différencier les peupliers mâles (15) des peupliers femelles (19) et de
constater la correspondance de leur floraison leur permettant d'assurer
la reproduction de l'espèce. Un travail de
sauvegarde des rares colonies de jeunes Peupliers noirs est en
réflexion et devrait aboutir à un protocole de suivi des jeunes
colonies en partenariat avec l'INRA d'Orléans et la Direction
Départementale de l'Equipement de Loire-Atlantique. Pour en savoir
plus ...
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